J’ai reçu un appel d’une femme qui venait tout juste de poser un geste suicidaire. Elle ne s’était pas vue aller, n’avait pas remarqué que sa situation s’était détériorée, ne s’apercevait pas qu’elle était en détresse. Peu à peu, sa façon de voir la vie changeait sans qu’elle s’en aperçoive. Avec le temps, elle avait minimisé l’impact qu’aurait eu son départ sur ses enfants, ses proches et que ceux-ci s’en remettraient rapidement.

Nous avons entamé un suivi individuel avec elle durant quelques mois et nous sommes aperçus qu’elle ne prenait plus soin d’elle depuis plusieurs années, qu’elle était depuis longtemps sur le « pilote automatique ». Ensemble, nous avons développé plusieurs outils afin de l’aider à prévenir la crise, déterminer ce qui était important pour elle et prendre soin d’elle-même. Elle s’est aperçue que la crise qu’elle avait vécue était, pour elle, un moteur de changement, une opportunité d’apprendre à mieux se connaître et de reprendre sa vie en main.

Elle a adopté des changements dans sa vie personnelle et professionnelle. Elle s’est délestée d’une certaine charge, qu’elle portait sur ses épaules depuis longtemps sans même savoir pourquoi. Elle s’est laissée la chance de respirer, ce qu’elle n’aurait pas fait avant. Elle s’est aperçue de l’importance de mettre ses limites et du bien-être qu’elles lui apportaient. Elle s’est découvert des passions, des passe-temps, auxquels elle n’aurait jamais pensé s’adonner avant. Elle s’est permis de prendre du temps de qualité avec son conjoint et ses proches.

Elle a pris sa place dans sa vie et s’est aperçue à quel point elle était aimée.

Marie-Elen, ancienne intervenante chez JEVI